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Etzer Emile a expliqué le déséquilibre constaté sur le marché des changes

Plusieurs taux de change se pratiquent sur le marché des changes, constate l’homme d’affaires, Réginald Boulos, qui en dénombre au moins six dans un tweet.


Par Gerard Junior Jeanty | Le Nouvelliste

11 mars 2021



En 2013, les exportations haïtiennes ont atteint 876,8 millions de dollars américains alors que les importations étaient dans l’ordre de 2,69 milliards de dollars américains. Donc, concrètement, pour chaque dollar américain que nous gagnons de l’exportation de nos produits, nous devons parallèlement trouver 3 dollars pour acheter des produits de consommation en provenance de l’étranger. Le déficit commercial persiste voire s’aggrave, notamment avec une tendance d’une diminution des exportations et une accélération des importations. A rappeler aussi que selon la dernière note monétaire de mars 2014 de la Banque de la République d’Haïti (BRH), d’octobre 2013 à décembre 2013, le déficit commercial s’est porté à 757,2 millions de dollars américains, soit une hausse de 1,36 % par rapport à la même période de l’exercice antérieur. Cette évolution s’explique par la baisse des exportations et la stagnation des importations. Ce déficit commercial affecte sérieusement notre taux de change, avec un dollar américain qui vaut actuellement plus de 45 Gourdes contre 43 Gourdes un an plus tôt. La question de l’exportation est avant tout tributaire de la production. En d’autres termes, nous devons d’abord produire, si nous voulons exporter. A la question, quel type de biens faut-il produire, nous pouvons répondre que nous devons produire des biens et services pour lesquels notre pays a un avantage comparatif. Le choix des produits exportables à grande rentabilité ou à marché assuré pour Haïti est un tout autre débat et nous n’allons pas nous concentrer sur cet aspect. Nous comptons orienter de préférence notre réflexion sur la facilitation de l’exportation. Car nous croyons que ce pays regorge de biens exportables mais qui ne sont pas forcément exportés, ou qui ne sont pas exportés en quantité suffisante parce qu’ils font face à de multiples contraintes, qui peuvent être d’ordre technique, financier, informationnel, administratif ou procédural. S’il n’est pas difficile pour un producteur de l’Arcahaie ou de Kenskoff d’écouler ses denrées sur le marché de Port-au-Prince ou de Pétion-Ville, il faut reconnaître que vendre sur le marché international a des exigences qu’il faut maitriser et respecter. La commercialisation vers l’étranger est un processus complexe, couteux, très risqué, et qui éventuellement aurait une marge de profit considérable si les opportunités d’exportation sont correctement et efficacement exploitées. Quand il s’agit de vendre sur le marché international,il faut inévitablement prendre en compte une dimension marketing, monétaire, logistique, culturelle et commerciale voire sanitaire selon le type de produit considéré. En Jamaïque, la question est prise très au sérieux par les autorités. La même agence responsable de la promotion de l’investissement, JAMPRO consacre un volet à l’exportation. Cette institution travaille activement afin de mettre les produits jamaïcains sur le marché international pour la rentrée massive de devises. Car,sérieusement, au nom de la croissance et du développement économique un pays ne peut pas se permettre de produire uniquement pour ses habitants, alors que nous vivons dans un monde globalisé et qui offre des opportunités considérables. Le programme jamaïcain cible les entreprises exportatrices ou à vocation exportatrice qui opèrent dans les secteurs prioritaires ciblés par la Stratégie nationale d'exportation de la Jamaïque (NES) à savoir l’agro-transformation, la fabrication, les industries et services créatifs. C’est intéressant de savoir en passant que ce pays a une stratégie nationale d’exportation. Nous avons bien besoin d’en avoir une, pas pour remplir les tiroirs mais pouvoir impacter les exportations de manière positive. Le programme jamaïcain d’encadrement des exportations permet à des entreprises bénéficiaires d’enregistrer une croissance allant jusqu'à 50 % des ventes à l'exportation. Donc, ce chiffre prouve que la promotion et la facilitation des exportations peuvent avoir des impacts considérables sur la capacité et la rentabilité des entreprises. L’existence d’un Centre de facilitation des exportations ou tout simplement l’insertion d’un volet d’exportation dans un centre de promotion d’investissement est monnaie courante. Mis à part la Jamaïque, c’est le cas également en République Dominicaine avec CEI-RD (Centre d’Exportation et d’Investissement), à Taiwan, avec Taiwan External Trade Development Council qui a pour mission de renforcer la compétitivité internationale des entreprises taiwanaises vis-à-vis de la concurrence étrangère. En Afrique l’exemple est aussi donné par la Tunisie avec Le Centre de Promotions des Exportations (CEPEX) qui a pour mission de promouvoir l’expansion commerciale par l’intensification des échanges avec l’étranger et plus particulièrement le développement des exportations Tunisiennes. Le Sénégal a aussi emboité le pas depuis 2005 avec la création de l’Agence Sénégalaise de Promotion des Exportations. Nous pourrions citer encore des dizaines d’autres cas. Voyons de préférence comment nous pouvons le développer dans notre pays. En Haïti nous avons depuis 2006, le Centre de Facilitation des Investissements (CFI) qui a pour mission de faciliter les investissements dans l’économie. Dans la pratique, nous savons que le CFI n’est pas suffisamment efficace en terme de favorisation. D'abord d'une part, il approche prequ’essentiellement les investissements étrangers en négligeant les investissements domestiques, comme si facilitation des investissements signifiait exclusivement facilitation des investissements étrangers. D’ailleurs, la page d’accueil de son site officiel qui est en langue anglaise est une expression de cette tendance de prioriser les projets d’investissements venus de l’extérieur. D'autre part, le CFI est pratiquement un plateforme d’information en lieu et place d’un vrai centre de facilitation, vu que la composante d’assistance technique est presque inexistante. Les entreprises ne bénéficient pas nécessairement des séminaires, du coaching, de l’assistance juridique, de l’aide à la préparation d’étude de marché et au montage de plan d’affaires, sans parler de recherche de marché, des programmes de subvention, d’incitation fiscale, et d’autres formes d’accompagnement. Bref ! Il est temps de réorienter le CFI et de lui donner les moyens pour qu’il soit plus profitable à l’économie haïtienne. Revenons à la facilitation des exportations.Nous voulons ici faire un plaidoyer pour l’insertion d’un volet d’exportation dans le portefeuille d’activités du CFI sans pour autant donner davantage de travail à ce Centre. En effet, dans une logique de promotion d’investissement, il faut absolument tenir compte des exportations si nous voulons sortir dans le schéma d’une production marginale pour la consommation domestique alors que les plus grands gains viennent principalement de la clientèle internationale. Nous savons qu’en 1986, un centre de promotion des investissements et des exportations, dénommée PROMINEX a été créé. Cette structure au lieu d’être une initiative de l’Etat haïtien, a été initiée par l’USAID. Son principal objectif était d'améliorer, de développer et professionnaliser les services de promotion des exportations et de l'investissement pour un large éventail d'entreprises et les entrepreneurs dans la fabrication et l'agro-industrie. Les efforts déployés dans le passé par PROMINEX pour promouvoir les investissements et les exportations en Haïti n’ont pas donné de résultats significatifs, en partie parce que le climat politique et des affaires n'était pas favorable pour cette promotion. PROMINEX n’est plus, les entrepreneurs à vocation exportatrice ont besoin aujourd’hui d’une structure qui aurait premièrement pour mission d’informer, de conseiller et d’orienter les exportateurs ou exportateurs potentiels vers les opportunités d’échanges à l’international et de partenariat commercial en mettant à leur disposition un système d’information et de veille concurrentielle. Deuxièmement, d' appuyer les acteurs économiques dans leur processus d’exportation en les soutenant dans leurs démarches administratives, dans les facilités fiscales ou à travers des programmes de financement des exportations notamment pour certains produits. A titre d'exemple en République Dominicaine, non seulement, ils ont des programmes de subvention, mais ils ont déjà crée une banque d’exportation appelée “Banque de développement des Exportations” qui offre des programmes de prêts à l’exportation à des prix compétitifs, ce qui permet aux producteurs du pays de renforcer leur capacité de production et les rendre mieux armés pour affronter le marché international. Actuellement, la République Dominicaine exporte des biens vers 142 pays à travers le monde, dont 77 d’entre eux reçoivent des exportations dominicaines dépassant 1 million de dollars américains. Troisièmement, ce volet exportation du CFI doit pouvoir accompagner les exportateurs sur les marchés extérieurs en organisant des actions promotionnelles, des rencontres de partenariat et des missions de prospection pour la conquête de débouchés commerciaux. Enfin, promouvoir le catalogue export des produits et services haïtiens auprès de la cible étrangère pour ainsi favoriser le développement et la diversification accrue des exportations nationales. Le volet des exportations au CFI, doit se montrer adapté par rapport aux besoins des entreprises qui exportent et celles qui ne sont pas encore à ce stable mais qui ont la vocation d’exportation. Ainsi, nous pourrons dynamiser notre exportation, réduire le déficit commercial, faire entrer des devises pour une croissance économique plus soutenue et durable.

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